Le premier semestre 2025 marque une accélération inattendue des rapprochements entre multinationales, avec une hausse de 18 % des montants engagés par rapport à la même période l’an dernier. Certaines opérations ont contourné les régulations antitrust via des montages complexes ou des alliances temporaires, brouillant les lignes entre fusion et partenariat stratégique.
Des secteurs traditionnellement cloisonnés ont vu émerger des alliances inédites, dictées par des impératifs de transition numérique ou de souveraineté industrielle. Derrière ces mouvements, des conséquences directes sur la concurrence, l’emploi et la structure des marchés se dessinent déjà.
Panorama des grandes fusions et acquisitions du premier semestre 2025
Impossible d’ignorer la vague qui secoue le marché mondial : depuis janvier, les opérations de fusion et acquisition battent des records, aussi bien sur le plan du volume que de la valeur. Les chiffres des cabinets d’analyse révèlent une somme colossale : plus de 1 500 milliards de dollars ont changé de mains, portés par la soif d’expansion des grands groupes et la réouverture de marchés jusque-là timides.
L’Europe se positionne clairement dans la course. Paris attire capitaux américains et asiatiques, et devient l’un des hubs majeurs. De grandes banques d’affaires prennent la main dans la réorganisation de pans entiers de l’économie, de la santé à l’énergie. L’activité des conseillers spécialisés et des cabinets d’avocats en finance d’entreprise explose, leur rôle étant devenu clé dans l’architecture de ces nouveaux deals.
Voici quelques transactions qui marquent ce semestre :
- La fusion-acquisition de deux géants pharmaceutiques dépasse 75 milliards de dollars et bouleverse le paysage concurrentiel européen.
- L’intensification des fusions-acquisitions dans la tech : les mastodontes américains intègrent des start-up IA, tandis que les fonds souverains du Moyen-Orient prennent des participations dans des sociétés cotées à Paris et Francfort.
- Dans l’industrie, la recomposition s’accélère avec une succession de fusions-absorptions orientées vers la transition énergétique, souvent orchestrées par des cabinets comme Deloitte ou KPMG.
Le secteur des fusions-acquisitions s’impose comme un levier de transformation économique. Désormais, l’agilité et la capacité à combiner des atouts complémentaires priment sur la simple recherche de volume. Cette mutation nourrit une recomposition du capital à l’échelle internationale, qui redéfinit la structure des entreprises et rebat les cartes de la concurrence.
Quels secteurs et entreprises ont marqué l’actualité des rapprochements ?
Impossible de passer à côté de la finance d’entreprise en ce début d’année. La pharmacie prend la tête du mouvement, avec une série de consolidations inédites en Europe : des fusions d’entreprises dépassant les 10 milliards d’euros modifient profondément l’équilibre entre laboratoires et créent de nouveaux standards concurrentiels. Outre-Atlantique, l’ampleur des opérations américaines n’est pas en reste.
Du côté des technologies, l’attrait ne faiblit pas. Les rapprochements se multiplient, souvent entre acteurs venus d’horizons différents. Les plateformes cloud américaines absorbent des pépites françaises reconnues pour leur expertise logicielle, cherchant à muscler leurs offres en intelligence artificielle. Aux États-Unis, les acquisitions s’enchaînent, notamment dans la cybersécurité, la data et l’automatisation.
Quant au secteur énergétique, la transition verte sert de catalyseur. Les groupes européens fusionnent pour regrouper leurs infrastructures et compétences, afin de peser davantage à l’échelle internationale. La France se retrouve au cœur de ces alliances, notamment dans l’éolien offshore et l’hydrogène.
La distribution n’est pas en reste, les grandes enseignes privilégiant des rapprochements stratégiques pour faire face à la percée des acteurs digitaux. Les partenariats, parfois transfrontaliers, misent sur la complémentarité pour renforcer la compétitivité face à un marché en pleine mutation.
Les motivations stratégiques derrière les opérations majeures : analyse des enjeux et impacts
Jamais la fusion-absorption n’a autant attiré l’attention. Chaque opération de fusion-acquisition découle de choix stratégiques précis : accélérer l’intégration, optimiser la structure de capital, garantir un accès privilégié à de nouveaux marchés. Le rôle des banques d’affaires comme Morgan Stanley, J.P. Morgan ou Bank of America Merrill Lynch se révèle décisif, tant dans la structuration que dans la rapidité des opérations sur un marché devenu ultra-concurrentiel.
Pour les dirigeants, créer une nouvelle société par fusion-absorption revient souvent à rechercher des synergies évidentes et à rationaliser les coûts. Les équipes spécialisées dans l’achat (“buy side”) et la vente (“sell side”) négocient pied à pied sur la valorisation, les accords de cession (share purchase agreement) ou encore les modalités d’intégration. L’expertise de cabinets d’avocats, à l’image de Bredin Prat, ou d’auditeurs comme Deloitte et KPMG, sécurise chaque étape juridique. La consultation des instances représentatives du personnel reste, elle aussi, un passage obligé.
Trois principaux leviers motivent ces mouvements :
- Obtenir davantage de poids lors des négociations avec les fournisseurs
- Améliorer la rentabilité grâce à une maîtrise accrue des coûts
- Bénéficier de technologies ou réseaux de distribution difficiles à obtenir autrement
Face à une réglementation de plus en plus stricte, en particulier en France et en Europe, anticiper les risques liés à la concurrence est devenu un réflexe. La fusion-création va bien au-delà d’un simple rapprochement : elle impose une refonte de la gouvernance, des compétences et des chaînes de valeur. Les autorités de contrôle, toujours plus vigilantes, surveillent chaque dossier pour préserver l’équilibre du marché.
Tendances émergentes et perspectives pour le marché au printemps 2025
En 2025, trois forces convergent et redessinent le marché des fusions-acquisitions : la transition numérique s’accélère, la pression réglementaire s’intensifie, et les critères RSE s’installent durablement dans la stratégie des entreprises. Impossible désormais d’ignorer la question de la durabilité lors d’une opération de M&A. Les investisseurs portent une attention nouvelle à la trajectoire bas carbone des actifs, tout en évaluant la capacité des entreprises à intégrer ESG et digital dans leur feuille de route post-fusion.
Les données du premier trimestre 2025, relayées par Refinitiv, témoignent d’une reprise nette de l’activité en Europe, stimulée par le retour en force des fonds nord-américains. France et Allemagne se partagent l’essentiel des grandes opérations, particulièrement dans la tech et la santé, tandis que l’énergie peine à retrouver son souffle d’avant 2023. Les banques d’affaires observent un regain d’intérêt pour le segment mid-cap, avec une multiplication des transactions comprises entre 500 millions et 2 milliards d’euros.
Ce printemps, plusieurs tendances structurent le marché :
- Les alliances stratégiques transatlantiques prennent de l’ampleur, en réponse à la fragmentation des chaînes logistiques.
- L’essor des opérations à forte dimension digitale, qui intègrent IA et cybersécurité au cœur des projets.
- L’intégration systématique de la RSE dans l’analyse des cibles et la conception des fusions-acquisitions.
La vigilance accrue des autorités de la concurrence, en France comme à Bruxelles, rallonge les délais d’examen. Les directions financières s’adaptent à cette réalité : elles misent sur des montages agiles, capables de résister aux soubresauts des marchés et à la pression inflationniste sur les coûts d’intégration.
Le printemps 2025 s’impose comme un moment charnière, où chaque rapprochement d’entreprise esquisse une nouvelle partition du paysage économique. Les prochains mois diront si cette dynamique façonnera durablement la physionomie des marchés ou si un nouvel équilibre doit déjà être inventé.


