Un manquement à la Loi 25 peut entraîner des amendes pouvant atteindre 25 millions de dollars ou 4 % du chiffre d'affaires mondial. Certaines obligations s'appliquent même si une entreprise ne collecte que des courriels de clients au Québec, sans autre donnée sensible. Les PME sont concernées au même titre que les multinationales, sans seuil minimal de taille ou de revenus. Les échéances sont échelonnées sur plusieurs années, mais un audit de conformité peut survenir à tout moment. Les exigences ne se limitent pas à la cybersécurité : la gouvernance interne et la gestion du consentement sont aussi ciblées.
Plan de l'article
Pourquoi la loi 25 change la donne pour les entreprises québécoises
La loi 25 redistribue véritablement les cartes dans l'univers des affaires au Québec. Votée en 2021, appliquée dès septembre 2022, elle force toutes les structures, privées, publiques ou à but non lucratif, à revoir de fond en comble leur façon de gérer et de sécuriser les données personnelles. Peu importe la taille, le secteur ou le chiffre d'affaires : la règle s'applique partout, sans exception ni passe-droit.
Inspirée par le RGPD européen et comparable au CCPA californien, cette législation québécoise va même plus loin sur certains aspects. Elle impose un niveau inédit de transparence, exige la responsabilité et place l'individu au centre, avec un contrôle accru sur ses propres données. La Commission d'accès à l'information du Québec (CAI) garde la main, prête à intervenir sans préavis.
Pour mesurer l'ampleur des changements, voici les obligations majeures introduites par la loi 25 :
- Chaque organisation doit désigner un responsable de la protection des renseignements personnels, clairement identifié.
- Un consentement explicite est exigé avant toute collecte, utilisation ou transmission de données.
- La politique de confidentialité doit être accessible, compréhensible, et facilement trouvable par tous.
- Toute initiative impliquant des données personnelles nécessite une évaluation sérieuse des risques en amont.
L'effet se ressent jusque dans la relation avec les citoyens : droit à la portabilité, droit à l'oubli, accès facilité à ses propres informations. Les organisations sont obligées de réajuster leurs pratiques, de moderniser leurs outils et de former leurs collaborateurs. Face à des sanctions désormais dissuasives, la procrastination n'a plus sa place. Avec ce texte, le Québec s'impose parmi les leaders mondiaux en matière de protection des données.
Quels sont les nouveaux droits et obligations à connaître
La loi 25 introduit une série de droits et de devoirs qui transforment en profondeur la gestion des informations au Québec. Pour chaque entreprise, tout commence par nommer un responsable de la protection des renseignements personnels. Ce référent, affiché publiquement, est le garant de la conformité et le point de contact direct avec la Commission d'accès à l'information.
Dès lors, le consentement explicite devient la norme. La collecte, l'utilisation et la communication des données personnelles doivent recevoir l'aval clair, précis et éclairé de chaque personne. Les politiques de confidentialité ne peuvent plus se cacher en bas de page : elles doivent être limpides, aisément accessibles et mentionner le responsable désigné.
L'utilisateur reprend le contrôle : il peut demander l'accès, la rectification, la suppression ou la transmission de ses données. À partir de septembre 2024, le droit à la portabilité entrera en vigueur, facilitant le transfert d'informations d'une organisation à une autre. Le droit à l'oubli s'applique aussi : chacun peut demander l'effacement de ses données dans un délai raisonnable.
Pour mieux s'y retrouver, voici ce que la loi 25 exige concrètement :
- Chaque nouveau traitement de données doit passer par une évaluation des facteurs relatifs à la vie privée (EFVP) afin de mesurer les risques en amont.
- Les incidents de confidentialité doivent être gérés avec rigueur et consignés dans un registre dédié.
- Les cookies non strictement nécessaires sont désactivés par défaut ; leur gestion passe par une plateforme de consentement (CMP).
Le volet sanction n'est pas à prendre à la légère : jusqu'à 25 millions de dollars ou 4 % du chiffre d'affaires mondial. Les administrateurs sont eux aussi concernés. La loi 25 ne laisse aucune place à l'improvisation : la protection des données s'impose désormais comme une obligation structurante au cœur de chaque organisation.
Les étapes clés pour réussir sa mise en conformité, de l'audit à la gestion continue
Tout démarre par un audit de conformité. Il s'agit de dresser une cartographie fine des données personnelles : identifier les flux, les usages, les destinataires et évaluer les besoins. Sans cette vision globale, impossible d'élaborer une feuille de route crédible face aux exigences de la loi 25.
Ensuite, place à la désignation du responsable de la protection des renseignements personnels (RPRP). Ce poste va bien au-delà de la surveillance administrative : il implique de piloter la conformité, de former les équipes, de coordonner les demandes et de gérer les incidents. Les coordonnées de cette personne doivent être facilement accessibles, notamment via la politique de confidentialité.
Il est indispensable de formaliser une politique claire, complète et accessible à tous. Les droits des personnes, la gestion des consentements, les durées de conservation et les mesures de sécurité y sont détaillés. L'intégration d'une CMP (plateforme de gestion du consentement) permet de maîtriser les cookies, qui doivent rester désactivés tant que l'utilisateur n'a pas donné son accord.
La vigilance doit rester constante : chaque nouveau projet ou traitement de données doit faire l'objet d'une évaluation des facteurs relatifs à la vie privée (EFVP). Cette étape, inscrite dans la loi, permet d'anticiper les risques et d'éviter les failles.
La tenue d'un registre des incidents de confidentialité est requise. Tout événement, même mineur, doit être documenté. Ce suivi rigoureux permet de réagir rapidement en cas de problème et de limiter les conséquences. La conformité à la loi 25 se construit jour après jour, à travers la mobilisation de toutes les équipes et l'intégration des bonnes pratiques dans chaque geste du quotidien.
Ressources et accompagnement : vers une conformité durable et sereine
La Commission d'accès à l'information du Québec (CAI) pilote l'application de la loi. Elle met à disposition des ressources concrètes : guides pratiques, webinaires, FAQ, pour aider chaque organisation à structurer sa démarche et à progresser sur le chemin de la conformité à la loi 25.
Pour faire face à la complexité, des outils spécialisés s'avèrent précieux. Des plateformes comme OneTrust ou DPOrganizer facilitent la gestion des registres, automatisent le traitement des demandes d'accès ou de rectification et permettent d'actualiser l'inventaire des renseignements personnels. L'utilisation d'une CMP (plateforme de gestion du consentement) aide à répondre à l'exigence de désactiver par défaut les cookies non essentiels et à respecter le choix des utilisateurs.
Mobiliser des experts, juristes, consultants en protection des données, apporte une vision extérieure, permet d'anticiper les évolutions et de décrypter les nouveaux textes. Ce soutien vient compléter l'action du responsable de la protection des renseignements personnels en interne.
La technique ne suffit pas. Ce sont la formation, l'implication des équipes et la culture de la vigilance qui font la différence. Quand la transparence, la responsabilité et le contrôle deviennent des réflexes, la conformité cesse d'être une contrainte pour devenir un avantage. La Loi 25 ne se contente pas d'imposer des règles : elle dessine un nouvel horizon pour la confiance numérique au Québec.


